Le prix du baril est négatif : comment est-ce possible ?

Avec le prix du baril du pétrole qui est passé sous la barre du zéro dollars lundi soir, j’ai reçu plusieurs messages de client qui se demande si ce n’est pas un bon moment d’investir dans le pétrole. 

Voici une mise en contexte de la situation actuelle mais je veux d’entrée de jeu rappeler un principe de base à l’effet que le secteur pétrolier est un domaine complexe et très volatil sur le marché.

Rappelons que le 20 avril, le secteur pétrolier a vécu une journée historique pour les mauvaises raisons alors que le prix du baril de pétrole brut (West Texas Intermediate – WTI) est devenu négatif, passant de 18,27$ à -37,63$.

Comment est-ce possible?  Pourquoi des prix négatifs ?

En effet, lundi était la dernière chance pour les traders de vendre le contrat à terme du WTI de mai 2020 et d’éviter de prendre livraison du pétrole qui n’a actuellement nulle part où aller. En fait, lorsqu’on dit que «le pétrole n’a nulle part où aller», cela signifie que la capacité de stockage pour le pétrole en ce moment n’est pas assez grande. Ainsi, si vous ne pouvez pas stocker un produit chimique et dangereux, plusieurs décideront de payer beaucoup d’argent pour ne pas avoir à s’en soucier. C’est pourquoi, hier, les prix sur les contrats à terme étaient négatifs. Les prix ont tout simplement reflété l’offre vs la demande.

 Quelle est la cause de cette chute?

La crise de la COVI-19 paralyse l’économie dans la grande majorité des pays. Les avions sont immobilisés au sol, les voitures roulent moins – bref, la population se déplace beaucoup moins. Selon l’Agence internationale de l’énergie, on estime qu’en avril 2020, la demande sera inférieure de 29 millions de barils de pétrole par jour par rapport à il y a un an. Il s’agit d’un niveau atteint pour la dernière fois en 1995!

Par ailleurs, la production des raffineries s’est effondrée alors que du côté des entreprises foreurs de pétrole, ceux-ci continuent de pomper du pétrole hors du sol, ce qui signifie que le brut non traité s’accumule dans les parcs de stockage des États-Unis.  Selon la U.S. Energy Information Administration, les stocks de pétrole brut détenus dans les parcs de stockage de la ville de Cushing dans l’États de l’Oklahoma, ont augmenté de 42% entre le 20 mars et le 10 avril. La ville de Cushing est la principale plaque tournante du trading du WTI et nous pouvons facilement supposer que la situation s’est empirée depuis le 10 avril dernier.

Pourquoi les compagnies pétrolières continuent de forer s’il n’y a plus de prix et plus de stockage?

Plusieurs de posent la question à savoir pourquoi l’Alberta par exemple continue d’extraire son pétrole alors que le prix du baril canadien tourne autour de 3$ US. La logique supposerait que ce n’est plus rentable et qu’il serait plus simple d’arrêter la production. La réponse encore une fois est plus complexe car il faudrait connaître à quel prix se négocie les contrats actuellement entre les vendeurs et les acheteurs. En gros, on extrait actuellement peut-être du pétrole sur un contrat négocié en décembre dernier alors que le prix était à plus 50$.

Dans le graphique on voit que ce sont les contrats de mai qui sont problématique actuellement puisque les prix de juin et juillet ont encore un peu de valeur…relative.

En terminant, le secteur pétrolier implique une grande part de spéculation il faut donc rester prudent et être conscient de l’impact de cette ressource dans son portefeuille.

N’hésitez pas si vous avez des questions.

Retour en haut